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Ultravaguer | 2021 - Prototypes scanographiques pirates - en collaboration avec Thomas Molles




Ultravaguer est une œuvre des artistes plasticiens Matthieu Bertéa et Thomas Molles.
Ultravaguer comprend le dessin, la conception et la mise à l’épreuve d’une série de prototypes scanographiques pirates.
Ultravaguer comprend la production, l’archivage et la diffusion d’images scanographiques.
Ultravaguer comprend la production théorique, textuelle et d’images à visée documentaire.
Ultravaguer fait suite aux recherches scanographiques et sociales menées par Matthieu Bertéa.
Ultravaguer fait suite aux recherches photographiques et aux détournements d’outils numériques réalisés par Thomas Molles.
Ultravaguer se situe aux frontières du dessin, de la peinture et de l’image.
Ultravaguer génère une écriture singulière de l’espace et du temps.
Ultravaguer n’est pas qu’un projet, c’est une idée.
Ultravaguer est une folie partagée.




Ultravaguer est une œuvre scanographique mobile expérimentale portée par le duo d’artistes plasticiens Matthieu Bertéa et Thomas Molles. Suite à la création de l’association À Plomb’ et la construction d’un espace de production partagé au sein de l’usine Pillard à Marseille, ils amorcent leurs recherches communes en 2020 avec la modification d’un scanner manuel. Durant l’année suivante ils produisent de manière autonome trois prototypes fonctionnels et entament toute une série de mises à l’épreuve au sein de leur atelier, puis en situation dans les rues de la ville, les grottes Loubières à Marseille ainsi que dans le Massif des Écrins. Générant une écriture singulière de l’espace et du temps mêlant art, sciences, rétro-ingénierie et piratage ; Ultravaguer a pour vocation l’exploration du proche comme du lointain tout en favorisant l’expérimentation plastique, sociale et participative.




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Ultravaguer se situe dans le prolongement direct du projet Vaguer (2014-2020) porté par Matthieu Bertéa et comprenant six années de recherches autour de l’outil scanner portable. Vaguer aborde les notions de limite, de mémoire, de geste et se compose d’expérimentations plastiques, performatives et sociologiques représentant environ 20 000 images. Cette odyssée du toucher démarrée en Allemagne lors de mon séjour ERASMUS en 2014 s’est successivement poursuivi en France, en Espagne, au Portugal et pour finir avec l’Institut français jusqu’à Ushuaïa, en Argentine. Ce temps fut partagé entre l’exploration des limites de la machine et la théorisation d’un processus générateur d’images et de situations. Le caractère mobile de l’outil et de ma démarche m’ont offert une multitude d’expériences et de rencontres dans l’espace public, dans des centres d’art ainsi qu’au contact d’autres artistes au travers de collaborations diverses. Parmi celles-ci des expériences participatives de types conférences, des présentations performatives, des ateliers avec des jeunes publics en France et en Argentine, des ateliers menés avec des patients hospitalisés au 3bisf à Aix-en-Provence. S’ajoute à cela de très nombreuses interactions avec des passants souvent curieux, parfois inquiets de me voir déambuler au sol ou rouler sur des murs, espaces, objets. Ces «rencontres curieuses» m’ont permis de développer ce qui pourrait s’approcher d’une pratique sociologique mêlant enquêtes de terrain, recherches-actions, questionnaires, statistiques, analyses institutionnelles et récits d’expériences. Mon téléphone portable se transformant en dispositif de monstration mobile ; beaucoup de non-lieux, d’espaces intermédiaires et de trottoirs furent transformés en lieux d’expositions temporaires. Cette démarche volontairement tournée vers les autres m’a également permis de développer un réseau international de «collectionneurs opportuns». J’ai en effet pris pour habitude de donner des images aux personnes avec lesquelles j’avais des échanges ou à qui je demandais de réaliser des gestes avec le scanner durant des moments de discussion. Brouillant les limites de la vente comme unique moyen d’accès aux œuvres d’art et scellant ainsi une rencontre par un geste généreux ; comme avec un chien et son maître à Berlin, un médecin portugais, une diseuse de bonne aventure et un pizzaïole à Buenos Aires, un couple de tatoueur à Ushuaïa, un laveur de vitre à Marseille.

Thomas Molles a quant à lui mis en jeu dans cette collaboration des connaissances et savoirs faire en mécanique, détournement d’outils numériques et programmation informatique accumulés ses dernières années ; notamment en tant que mécanicien automobile, dans ses études à l’ESAAIX (atelier Hypermédia et Mécatronique avec Guillaume Stagnaro, Douglas Stanley et France Cadet) ainsi que dans ses multiples interventions au projet de fête foraine numérique ENIAROF d’Antonin Fourneau. Il fut également étudiant en thèse sous la direction de ce dernier au sein du programme Game Oriented Design & ART dans l’École Nationale des Arts Décoratifs de Paris où il participa à plusieurs workshops internationaux. Thomas a également engagé dans ce projet des réflexions relevants d’une pratique photographique et d’image personnelle, des réflexions sur l’écriture, les notions de temps et de signe, d’archéologie spéculative et de mémoire ainsi que six années d’observations régulières et de collaborations diverses autour du processus scanographique mobile mis en place par Matthieu.

L’idée de modifier mon outil de travail est venue de Thomas pendant la production de la série des transmutations lorsque nous préparions ensemble l’exposition F(EUX). Amis et partenaires d’expérimentations depuis l’École d’art d’Aix, nous travaillions sur la réalisation de moulages et de tirages en plomb, plâtre, béton et résine d’un scanner portable. Ces simulacres rejouaient la fonction de l’outil, absorbant toujours des matières mais cette fois-ci dans sa physicalité propre et non numériquement. C’est lors de la fabrication du moule, durant l’étape où nous vidions le scanner de ces composants électroniques, que Thomas me fit la proposition de le pirater. Nous sommes en décembre 2018 et cela faisait déjà plusieurs mois qu’il m’avait proposé de tenter quelque chose. À mon retour de résidence en Argentine nous avons eu la possibilité de partager un espace d’atelier sur Marseille. Nous avons pour cela participé activement à la création de deux structures ; À Plomb’, une association regroupant six artistes plasticien.ne.s au sein d’un espace de réflexion, de travail et de monstration parallèlement à l’association collégiale Les 8 Pillards, dont À Plomb’ est co-fondatrice. Les 8 Pillards regroupe des collectifs, des artistes et chercheurs, des artisans constructeurs et des architectes-urbanistes. Cet ensemble hétérogène, transgénérationnel et pluridisciplinaire représente une soixantaine d’individus et se situe dans le quartier Bon secours entre la Belle de Mai, Plombières et le Canet. Entre 2019 et 2020 nous nous sommes donc concentrés au dessin et à la réhabilitation de ces espaces ainsi qu’à la structuration collective des deux entités dans le but d’y développer nos pratiques respectives, des projets collaboratifs ainsi que des accueils et invitations. Le processus de construction de l’atelier fut proche de ce qu’on développa avec le scanner : mise en commun des savoirs faire, bricolage à plusieurs mains, apprentissage sur le tas, demande de coups de main opportuns, ré-emploi, recyclage de matériaux prenant forme dans le démontage de l’ancien.

C’est fin 2020, suite aux travaux de constructions de notre atelier et avec le temps libre gracieusement offert par la crise sanitaire, que nous avons démarré nos recherches et expérimentations sur la modification du scanner : Un soir propice, une table, une lampe de bureau, quelques outils rudimentaires et l’atelier se transformait en hôpital de fortune. Au programme de la nuit : opération à cœur ouvert. Les entrailles de la machine apparaissaient sous nos yeux ; une carcasse de plastique, un capteur d’image contact (CIS), une led équipée d’un conducteur de lumière et une carte mère alimentée par deux piles alcalines. Après six années de recherches et d’expérimentations autour de cet outil je me retrouvais face à de nouvelles questions : d’où proviennent les images ? Comment sont-elles générées ? Est-il possible de les créer autrement ? Que cela me permettrait-il de plus ou de moins par rapport au simple fait de détourner l’usage d’une machine, sans intervenir dessus, comme ce fut le cas par le passé ? Le démontage nous a permis de mieux comprendre son fonctionnement, le pourquoi du comment des images, ainsi que les pièces sur lesquelles nous pourrions intervenir à l’avenir. Thomas avait déjà l’intuition qu’il devait être possible de supprimer le système d’entraînement des roues et l’ouverture lui permis de confirmer cela. Je regardais Thomas comme l’on regarde un jeune interne juste avant l’annonce à la famille du diagnostic médical : « C’est possible, me dit-il, mais on risque d’en griller quelques-uns ! » Le soir même je me procurais trois nouveaux scanners sur un site de vente d’occasions et Thomas écumait de son côté des sites de ventes de fournitures électroniques. Pour compléter le diagnostic, il nous fallait l’avis d’un spécialiste et comme souvent à Marseille, nous avions l’un des meilleurs. La semaine suivante nous nous rendîmes alors à la Friche Belle de mai dans l’atelier de Guillaume Stagnaro, ami et enseignant à l’école d’Art d’Aix-en-Provence. Nous le connaissons depuis nos études, ce dernier était curieux de voir où nous en étions et stimulé de répondre aux interrogations de Thomas. Après de nouvelles manipulations nous sortions de là confiants, avec de précieux conseils et un micro contrôleur «arduino» de la taille d’un carré de sucre. Nous allions ensuite un peu plus loin chez Délétère au Couvent Levât, rendre visite à Adelin Schweitzer et Naoyuki Tanaka. Ces derniers nous ont répondu à quelques unes de nos questions et nous ont proposé leur aide pour imprimer en 3D la future coque du scanner.

Après un passage au cours Julien chez Mirage des ondes, entreprise iconique de vente de composants électroniques, nous rassemblions toutes les fournitures sur une table : un tournevis cruciforme, un poste à souder, une bobine d’étain, du câble et des résistances électriques, une pince coupante, de la gaine thermorétractable, un briquet, du ruban adhésif, deux piles, un tube de super glue et un pistolet à colle chaude. Voilà tout ce dont nous avions besoin. Au regard de la scène ; cela avait tout l’air d’un atelier clandestin attelé à la fabrication d’une bombe artisanale. D’autres arts plastiques certains diront. Le but de l’opération était de fixer le micro contrôleur arduino sur le capot et de relier ce dernier au système du scanner afin d’envoyer des données plus ou moins nombreuses à la place des roues, au moyen d’une suite de ligne de codes et d’un potentiomètre. Les roues placées sous l’appareil permettait auparavant d’activer la machine afin de numériser des livres et des documents. En ce qui concerne la pratique dont j’en fit l’usage ces dernières années il s’agissait de murs, de sols, de végétaux, d’objets. De toutes sortes de matières, personnes, surfaces et lumières. Mais toujours en roulant dessus, dessous, entre. Il était pour moi temps de clore un chapitre et d’en démarrer un nouveau.

Je me transformais à présent en assistant en laissant à Thomas le soin d’opérer. C’est maintenant à lui de jouer et ce ne fut pas une mince affaire car cela demandait minutie, concentration et une multitude d’opérations. Avec tout l’affect que j’ai pour cette machine, proche du fétiche, j’éprouvais tour à tour joie, douleur, résignation et espoir comme si ce fut une partie de moi qu’il modifiait. Les minutes passaient jusqu’au moment où cela se produisit : «It’s alive!» - cf Frankenstein ou le Prométhée moderne de 1931 - je voyais la lumière s’allumer toute seule.




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Cela enregistrait la nuit, cette nuit là. Pour être encore plus précis cela numérisait le vide de l’espace entre Thomas et moi. Lorsque la lumière s’éteignit ; je savais que le scanner venait de sauvegarder sur sa carte sd un monochrome noir de 21,7 cm de large et de 133 cm de long. Un espace à première vue vide de signe et annonçant non seulement la réussite de l’opération mais également la poursuite de notre aventure commune.




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Contrairement au scanner original, il était maintenant possible de modifier le temps de prise de vue en faisant croire à ce dernier qu’il roulait plus ou moins vite. Auparavant le temps de prise de vue était indexé sur les lois mécaniques du roulement. La machine était «au courant» de la vitesse de déplacement, aujourd’hui elle n’en a aucune idée. C’est dans ce sens là que nous avancions et en l’espace d’une année nous confectionnions de manière autonome trois prototypes fonctionnels. Le premier permettait cela avec un potentiomètre faisant varier la quantité de données transmises à la machine, le deuxième était réglé sur un temps fixe, le troisième avec une paire de boutons. Chaque prototype fut mis à l’épreuve en s’appuyant sur les qualités et défauts des précédents pour construire les suivants. Concernant la préhension de l’outil nous abordions des questions relevants de l’ergonomie nourris par toutes les expériences gestuelles, techniques et pratiques que j’avais pu avoir ces dernières années. À savoir la volonté de garder un outil mobile, équilibré en poids, toujours aussi facile à dissimuler et à ma main. Étant gaucher, la position des boutons fut choisi pour que mon pouce puisse les actionner.

Ces différents prototypes furent mis à l’épreuve tout au long de l’année 2021. Cette nouvelle manière de produire des images entraîna de fait d’autres modes opératoires. Le premier possible fut celui du «geste immobile» ; nous entendons par là le fait de déposer le scanner sur une surface et d’actionner ce dernier sans le mouvoir. S’opère alors 15744 répétitions de la même ligne créant une forme de nuancier linéaire, avec ci-dessous une scanographie réalisée sur une serpillière présente à l’atelier :




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Le deuxième fut l’apport d’une plus grande fluidité liée aux gestes de la main. Auparavant le scanner stoppait l’enregistrement lorsque les roues cessaient de se mouvoir, puis reprenait une fois que ces dernières se trouvait à nouveau en mouvement. Les gestes se focalisaient donc souvent sur les roues en cherchant des sortes de chemin sur les choses. Dorénavant il permet une liberté totale au niveau des mouvements, autant dans les directions que dans les vitesses d’exécutions et distances d’approches libérant de fait les déplacements sur les axes X,Y et Z. Avec ici pour exemple une scanographie réalisée au contact d’une corde présente à l’atelier :




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Le troisième fut réalisé à l’aide une machine à mettre les aliments sous vide. Je ne m’en était peu servi jusqu’au jour où nous décidâmes de plonger le scanner dans l’eau, à l’intérieur d’une poubelle en plastique. La première immersion fut réalisée avec un préservatif trouvé dans le portefeuille de Thomas mais conserva sa caractéristique première d’usage unique et se perça au deuxième coup d’essai. C’est à se moment là que la machine sous vide refit surface et nous vint à l’esprit comme une solution temporairement idéale. Nous avons depuis réalisé en atelier plus d’une vingtaine d’immersions ; chacune permettant l’exploration de différentes situations (flottaisons, vagues, plongeons, remous, ajout de colorants, de sucre ou savon). Ces immersions successives se soldèrent toutes par une seule et même question : quand est-ce qu’on va en mer ?




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Ultravaguer | 2021 - Processus scanographique mobile pirate - en collaboration avec Thomas Molles - 21,7 x 133 cm




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Ultravaguer | 2021 - Processus scanographique mobile pirate - en collaboration avec Thomas Molles - 21,7 x 133 cm - Sable du Drac noir et Drac blanc, affluents de l’Isère - Massif des Écrins




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Ultravaguer | 2021 - Processus scanographique mobile pirate - en collaboration avec Thomas Molles - 21,7 x 133 cm - Roches, Massif des Écrins




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Ultravaguer | 2021 - Processus scanographique mobile pirate - en collaboration avec Thomas Molles - 21,7 x 133 cm - Clinique psychiatrique de l'Arche




- Mais que faites vous exactement avec cette baguette?
- Plein de choses, vous voulez voir ?
- Oui, ça fonctionne comment ?
- À la base c'est fait pour numériser des feuilles, des livres, des ordonnances, des factures. Il suffit de rouler sur les choses et moi au lieu de rouler sur du papier, je roule sur les murs, sur les sols, sur les routes, sur les arbres, sur les gens. Enfin ça c'était avant. Mon ami Thomas me l'a piraté, il lui a collé une puce qui lui fait croire qu'il roule alors qu'il ne roule plus.
- Du coup c'est un peu comme s'il était devenu parano ?
- Oui, un peu comme moi.
- Je vois, et vous l'avez toujours sur vous ?
- Toujours, enfin presque.
- Très bien et ca vous fait du bien de l'avoir avec vous ici ?
- Oui, beaucoup de bien et puis faut voir les réactions des autres patients quand ils me voient faire.
- J'imagine.
- Vous voulez voir ? Là, par exemple sur votre tapis rouge ?
- Si ca peut vous faire plaisir, oui.
- Je vais le poser dessus et l'actionner sans le faire bouger. Il va récupérer les différentes nuances de rouge et les transformer en lignes de couleurs. Un peu comme un nuancier de peinture.
- Je ne saisis pas bien.
- C'est simple en fait, vu qu'il ne voit qu'une seule ligne du tapis et qu'il croit rouler alors qu'il ne roule pas, il va la répéter jusqu'à saturation. Chacune de ces différentes lignes verticales, 15744 en tout, vont finir par former de longues lignes horizontales, 2560 en tout.
- Là vous m'avez perdu.
- Je m'en doutais un peu.
- Même heure, semaine prochaine ?
- Même heure oui. Je vous montrerai ce que ça a donné.


Retranscription de mémoire d'un échange avec Madame R. (Psychologue clinicienne).



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Ultravaguer | 2021 - Processus scanographique mobile pirate - en collaboration avec Thomas Molles - 21,7 x 133 cm - Clinique psychiatrique de l'Arche




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