F(EUX) Etincelle, Pleins feux, Braises | Carte blanche proposée par Mécènes du Sud - Commissariat Bénédicte Chevallier
Exposition individuelle transformée en exposition collective - Studio Little Dancer, Marseille - 2018
Invitation de Thomas Molles, Natacha Jouot, Trécy Afonso, Jean-Paul Bertéa, Claire Camous, Gérard Cadene, Amandine Simonnet, Estelle Aubin
Matthieu Bertéa observe la question des limites en aménageant une hétérotopie comme condition d’apparition de
son travail. Il n’y a pas « d’à côté » à la représentation, pas de marge, pas de off, pas de coulisses. Tout est là. Pour
de vrai et entier. On pense que ça va commencer mais ça a déjà commencé et on fait déjà partie de la matrice.
Matthieu Bertéa y fait feu de tout bois. Dans ce système, il se situe artistiquement par son intransigeance, parce qu’il
ne concède pas que quelque chose se dérobe. Tout est alors matière. Il n’y a pourtant aucun rapport de force, aucun
piège, juste une conscience tendue, à portée de main. Au bout de cette main justement, il manipule un scanner
embarqué. Des yeux dans la main. Il absorbe du réel, par des gestes directs. Ce travail d’empreinte fait suite à sa
pratique de peinture. Avec sa radicalité, il a logiquement troqué ses rouleaux à peindre pour un outil médium, voire
médiumnique. Ce travail de glisse, sous la forme d’un prélèvement par un rai de lumière, s’apparente à une dérive
sans destination. Le glanage n’a pas de limites puisque le butin, numérique, relève d’un braconnage habile qui
ne lèse aucun propriétaire. Ainsi désamorce-t-il et déjoue-t-il interdits et obstacles, accumulant, cataloguant, et
expérimentant images, gestes et situations. Cette liberté de circuler, d’observer, de prélever, Matthieu Bertéa
ne saurait se l’approprier sans compromettre sa conscience artistique. En tant que fils unique, il compte depuis
toujours avec les autres. Eux, justement. (Eux), dans cette dynamique, ce sont le couple de mécènes qui l’invite, les
artistes complices depuis l’école d’art, la famille, les amis, ceux qui dans ce mouvement ont une place, prennent une
place, tiennent une place. Cette communauté ne forme pas une solution miscible, qui par une dynamique, viendrait
épaissir son travail. Il s’agit plutôt de biotopes compatibles qui se complexifient en se nourrissant mutuellement. Sans
le « leadership discret » de Matthieu Bertéa, ce qui s’apparente à un syncrétisme ne serait pas. Ses affinités avec le
foot en sus. Vous entrez dans le travail de Matthieu Bertéa par le foyer. Celui qui fait feu, celui qui fait famille et celui
qui fait converger autant que rayonner la lumière.
Bénédicte Chevallier, directrice de Mécènes de Sud, TGV 7822 du 31 juillet 2018